Burkina Faso: «On est loin d’envisager une gay pride au Burkina Faso»

report, published the following year by independent researchers , the Afrobarometer, even ranks Burkina Faso among the three African countries most intolerant towards homosexuals. "The vast majority of the population is against us, especially religious and customary chiefs,"continues Marcel. Yet homosexuality has always existed here. "

This stigmatization, under the weight of tradition, has serious consequences. It pushes homosexuals and trans Burkinabe to lead a double life - which does not facilitate, in passing, to curb the HIV epidemic. This is the case of Mokhtar (1), in his twenties, a marketing student in Ouagadougou. "I prefer to hide my homosexuality from my family by introducing girlfriends," says the young man . I do not do anything with them but at least I am quiet. In Burkina, at 25 you have to present a bride that is why most gays are married. " Unaccustomed to indulge, Gaston (1), 24, student, has also chosen to be " discreet " ".This slender boy took a long time to accept himself as he is; but out of the question to discuss the subject with his friends and even less to live his sexuality in broad daylight. "It's not possible to talk about it at the university," he says with trembling hands. They say it's rejected by nature. " The figures attest to the homophobia surrounding the campus Ouagalais: in 2013, just over 60% of students interviewed by the LGBTQ Youth Network of West Africa , based in the capital of Burkina Faso, believed that "homosexuality is a bad thing," "an aberration, unnatural or an evil to eradicate".


C’était une fake news comme en regorgent les réseaux sociaux. Fin janvier, deux hommes présentés comme homosexuels auraient été brûlés en place publique à Bamako, la capitale malienne. Les captures d’écran d’une vidéo des deux victimes, partagées plusieurs milliers de fois sur Facebook, montraient en réalité l’exécution par la foule de deux hommes suspectés de vouloir braquer une banque il y a un an et demi. Rien à voir donc, avec leur orientation sexuelle. Mais le temps que le doute se dissipe, la fausse information a ravivé la crainte d’une chasse aux homosexuels au Burkina Faso voisin. «L’émoi a été général. On s’est mis de nouveau à faire attention, relate Marcel (1), chemise bleue à carreaux et petites lunettes. C’est pour ça qu’on gare les motos en position de départ quand on vient ici au centre.»

Le «centre», auquel fait référence le quadragénaire, est une clinique communautaire tenue par l’Association African Solidarité (AAS), dans le centre de Ouagadougou. Orné d’un grand ruban rouge symbolisant la lutte contre le sida, ce bâtiment de deux étages aux teints ocres, est l’un des rares lieux de la capitale burkinabée où les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), comme on dit dans le jargon associatif, peuvent trouver main-forte et se réunir pour causer de leur sexualité. Derrière d’épaisses cloisons, cependant, et en restant vigilants. «Certains ne se sentent pas en sécurité et refusent de venir ici, ajoute le médiateur associatif ouagalais. On est loin d’envisager une gay pride au Burkina Faso.»

Si aucune loi ne pénalise l’homosexualité dans le pays ouest-africain, les personnes LGBT n’ont d’autres solutions que de mener une double vie pour éviter d’être pourchassées.

La loi burkinabée l’empêcherait-elle ? Au «pays des hommes intègres», aucun texte n’a jamais pénalisé l’homosexualité depuis l’indépendance en 1960. L’outrage public à la pudeur, vieil ersatz d’une disposition du Code pénal français, est par ailleurs rarement invoqué pour poursuivre des relations intimes entre deux hommes ou deux femmes. En revanche, l’hostilité envers les gays, les lesbiennes et les personnes trans, alimentée par des prêches homophobes à tire-larigot, des médias peu scrupuleux et des politiciens en mal de votes, reste extrêmement vigoureuse – jusqu’à rendre responsable les homos de la menace jihadiste selon plusieurs témoignages. En 2015, à l’approche des élections législatives, une petite formation politique, le Parti de la renaissance nationale (Paren), a par exemple déposé une proposition de loi afin d’interdire – dans un grand amalgame et sans y parvenir – la pédophilie et l’homosexualité. Un rapport, publié l’année suivante par des chercheurs indépendants, l’Afrobaromètre, classe même le Burkina Faso parmi les trois pays africains les plus intolérants envers les homos. «La grande majorité de la population est contre nous, surtout les religieux et les chefs coutumiers, poursuit Marcel. Pourtant, l’homosexualité a toujours existé chez nous.»

Cette stigmatisation, sous le poids des traditions, a de lourdes conséquences. Elle pousse notamment les homos et les trans burkinabés à mener une double vie – ce qui ne facilite pas, au passage, à juguler l’épidémie du VIH. C’est le cas de Mokhtar (1), la vingtaine, étudiant en marketing à Ouagadougou. «Je préfère dissimuler mon homosexualité à ma famille en présentant des copines, soutient le jeune homme. Je ne fais rien avec elles mais au moins je suis tranquille. Au Burkina, à 25 ans tu dois présenter une fiancée c’est pour ça que la plupart des homos sont mariés.» Peu habitué à se livrer, Gaston (1), 24 ans, étudiant, a lui aussi choisi d’être «discret». Ce garçon élancé a mis du temps avant de s’accepter tel qu’il est ; mais hors de question d’évoquer le sujet avec ses camarades et encore moins de vivre sa sexualité au grand jour. «Ce n’est pas possible d’en parler à l’université, confie-t-il les mains tremblantes. Ils disent que c’est rejeté par la nature.» Les chiffres attestent de l’homophobie ambiante sur le campus ouagalais : en 2013, un peu plus de 60% des étudiants interrogés par le Réseau des jeunes LGBTQ d’Afrique de l’Ouest, basé dans la capitale burkinabée, estimaient que«l’homosexualité est une mauvaise chose», «une aberration, contre-nature ou un mal à éradiquer». Read more via Liberation